Rélation des fetes données a sa Majesté L'Imperatrice, par

S.A.M. le Prince d'Esterhazy, dans son Château d'Esterhaz

Le 1. et 2. 7-ber 1773.

 

Wienne, de l'Imprimerie Ghelen

Le premier mérite des Fetes données le 1. et le 2. Sept. est sans contredit d'avoir eu en Théâtre aussi beau et aussi avantageux que celui que fournit le magnifique château d'Esterhaz, un des plus beaux qu'on puisse voir. Aussi pour en donner une idée, qui approche de la réalité, faudroit-il en donner une description exacte et detaillée; mais les bornes d'une simple rélation ne le permettant pas, on se bornera a dire, que c'est dans l'emplacement le plus heureux qu'il est situé, au milieu d'une plaine immense, dont rien ne borne la vue qui se perd dans l'immensité de son étendue. Une campagne fertile et bien cultivée qui l'environne, des bois, des villages suffisamment pour couper la vue de temps en temps, presentent de tout part des paysages trés agréables. Un grand nombre de bâtimens, de corps de logis sans compter l'enceinte principale deu château, annoncent a l'étranger plutot une petite Ville, qu'une maison particuliére. Le gout, l'élegance des bâtimens, leur proprété satisfait également l'oeil du curieux et des connoisseur. La distribution intérienne en est si bien menagée, qu'il y a dans l'enceinte du château plus de vingt logements de maitre, que chaque étranger y trouve les aisances et les commodités de sa propre maison. La beauté, la richesse des ammeublemens, et tous les ornemens intérieurs des grands appartemens respirent la magnificence et le bon gout, la finesse dans le choix et la distribution d'une quantité de petits meubles, de la plus rare beauté, font admirer a chaque pas des chefs d'oeuvre en tous genres. Mais tout cede encore a la beauté des jardins, ce que la nature a de plus simple, ce que l'art a de plus recherché s'y font admirer tour a tour. Tantot confondus, tantot l'un par l'autre embellis; c'est un charme continuel. Leur étendue est immense. La symetrie, la mieux entendue, des bercaux, des cabinets des verdure, des jets d'eau, des statues en ornent les parterres et les bosques; Un Parc immense peuplé de Daims et de Cerfs les allonge et les continue par trois allées a perte de vue; dont le point de réunion est le milieu du grand salon d'en haut. D'autres allées que le traversent dans sa largeur, font découvrir une quantité de petits bâtimens du meilleur gout et présentent des points de vue charmants. Une quantité prodigieuse d'autres petites allées, les unes réguliéres, les autres absolument champétres, mais toutes formées en berceau par le tousssu des arbres, traversent en tous sens les massifs des charmilles. Des jets d'eau, des statues, des bancs de gazon, qui y sont distribués avec le plus grand art, ménagent a chaque pas le plaisir de la surprise et de la nouvanté. Enfin dans une étendue aussi considerable que celle qu'il contient, c'est a dire dans un terrain prés d'une lieue de longueur sur autant de largeur, avec cette variété toujours rénaissante, il n'est rien de négligé; tout est tenu avec l'ordre le plus exacte et la propriété la plus scupuleuse. Qu'on se figure d'aprés cela l'ensemble merveilleux que cela peut produire. Voila une légére exquisse des beauté qui sont a admirer a Esterhaz, mais dont chacune mériteroit une description toute entiére, pour mettre celui qui ne l'a pas vu, comme celui qui l'a vu, en état de juger que c'est a la fois le séjour le plus magnifique et le plus délicieux.

Les 31. Aout, tous les Seigneurs et Dames nommés par S.M.I. au nembres de trente, se sont rendus a Esterhaz, ainsi que S.A.R.M. le Prince Albert et S.A.R.M. l'Archid. Marie qui sont arrivé au fois. Le lendemain, jour auquel sa Majesté l'Imperatrice et toute la Famille Impériale devoient honorer cette Fete de leur présence, S.A.M. le Prince d'Esterhazy est allé a leur rencontre jusqu'a Oedenburg, a eu l'honneur de les y recevoir et de les accompagner jusqu'a Esterhaz ou S.M.I. accompagnée de L.L.A.A.R.R.M. l'Archiduce Maximilien, M. l'Archiduchesse Marie Anne, M. l'Archiduchesse Elisabeth est arrivée a dix heures et demie du matin. S.M.I. a été recue par S.S.R.M. le Prince Albert et S.A.R.M. l'Archiduchesse Marie; et aprés avoir été complimentée par la Noblesse qui l'attendoit, elle s"est retirée dans son appartement, ou elle a diné a son petit couvert, et LL. AA. RR. dans le Salon d'enbas a une table de trente quatre couverts.

A quatre heures S.M.I. toute la Famille Imp. suivis de toute la Noblesse, sont allé se promener dans les jardins. S.M.I. a bien voulu en parcourir quelques endroits a pied; ensuite son carosse suivi de quinze voitures du Prince et précédé d'une caleche, que conduisoit S.A.M. le Prince, la conduit dans plusieurs allées des jardins, au S.M.I. a admiré plusieurs des petits batiments qui y sont distribués, et surtout un Temple dédié au Soleil, l'autre a Diane, d'une trés grande richesse, et celui appellé l'hermitage qui dans sa simplicité est un chef d'ouvre de gout et d'imagination. Ce grand nombre de voitures, une quantité d'Ecuriers, d'hommes a cheval qui les accompagnoient, une grande affluance d'étrangers de toute espéce rendoient ce cortége trés brillant. De la, S.M.I. est descendue a la Salle de l'Opera, ou les Musiciens de Prince ont eu l'honneur d'executer avec beaucoup de succés un Opera Italien de la composition de M. Heyden, Maitre de Chapelle; dont les talents sont connus dans toute l'Europe par la composition de plusieurs autres morceaux de Musique, qui lui font autant d'honneur, qu'ils annoncent le bon gout du Prince, sa liberalité et sa générosité fixant prés de sa personne de gens du premier merite en tout genre. Pendant la durée de ce spectacle S.A.M. le Prince, pour donner a S.M.I. le plaisir du bal masqué en fit illuminer le Salle, et y fit trouver une grande quantité de masques. Incontient aprés l'Opera, S.A.M. le Prince l'y conduit en lui faisant traverser plusieurs petits appartemens qui y sont attenants d'un gout trés analogue et trés varié; toute la Famille Imperiale ainsi que toute la Noblesse s'y rendirent aussi. Rien ne peut égaler la magnificence, le bon gout et la richesse qu'elle respire. Personne ne peut meme résister au mouvement de surprise et d'étonnement que cause ce coup d'oeil éblouissant, lorsqu'on la voit pour la premiére fois. Sa forme est quarée, long de vingt toises de longuer. Tout l'ornement inétrien est a la chinoise rendu par les couleurs les plus vives, toutes les peintures ont cette touche enluminée qui fait un effet on ne peut plus éclatant a la lumiére; onze grands lustre y sont suspendus par des guirlandes de fleurs, une double rangée de lampions regne de bas en haut de chaque trumeau, des glaces placées dans le milieu de chacun et surtout une placée adroitement vis a vis la porte d'entrée répétent a l'infinie l'éffet magique de plus de six cent bougies que l'éclairent. S.M.I. s'est placée dans la tribune du fond elévée de quelques marches vis a vis la porte d'entrée, au dessus de laquelle est celle des Musiciens, tous habillés a la chinoise; en sorte qu'elle pouvoit jouer a l'aise du spectacle varié, que presente une affluance de masques de tout espéce, auquel donnoit un nuveau prix une masque excellente. Aussi S.M.I. en a-t-elle donné des masques de satisfaction, en honorant cette assemblée de sa présence pendant plus d'une heure et demie. Au sortir de la, elle a été reconduite au château ou elle a soupé dans son appartement au petit couvert; et LL. AA. RR. dans le Salon d'en bas a une table de trente quatre personnes. Aprés souper LL. AA. RR. masquées sont retournée au bal, suivies de toute la Noblesse. Il a duré jusqu a cinq heures et demi du matin, des raffraichissements de toute expece y ont été distribués avec le plus grand soin, et une abondance toujours égale la premiére comme la derniére heure.

Le lendemain, S.M.I. a diné publiquement dans le grand salon d'enhaut. La table composée de trente cinq couverts, a été magnifiquement servie. Le sur tout qui regnoit le long étoit du meilleur gout; le dessein de la décoration represéntoit morceaux de grande architecture trés reguliére, et dont chaque piéce en détail étoit finie avec le dernier soin; la balustrade qui regnoit autour étoit surmontée de plusieurs médaillons portants les armes des differentes posessions de sa Majesté. Le fruit a été composé de plusieurs morceaux de pastillage trés artistement inventés, entreméles d'un grand nombre de cristaux trés bien ornés. Pendant le diner, plusieurs musiciens du Prince, chacun excellent dans son genre, on en l'honneur d'etre entendus de S.M.I. et d'en mériter des applaudissemens. Mais ce qui a paru le plus interessant, a été cette multutude d'étrangers de tout rang, de toute expéce et de gens de la campagne accourus de toute part pour jouir du bonheur de voir leur Auguste Souveraine et qui n'en négligeoient aucune occasion. S.M.I. Pour répondre a cet empressement de leur part, a bien voulu permettre qu'ils traversassent la Salle pendant le diner. Leur empressement, l'avidité de leurs regards a la démeles dans le nombre des convives, le murmure des éloges que chacun lui prodiquoit a sa facon, leur facon d'admirer qui paroit si stupide, mais qui est si éloquente peignoit au naturel cette vérité de sentiments dont ils venoient lui offrir le pure hommage.

A Quatre heures S.M.I. toute la Famille Imperiale et toute la Noblesse sont allé a la promenade dans le Parc, dans le meme ordre que la veille.

Au retour de la promenade, S.M.I. est descendue a la Salle des Marionettes. A ce mot de Marionettes, on n'imagineroit jamais que dut etre quelque chose digne d'attention et de curiosité; aussi est on a peine revenue de la surprise qu'a cousé géneralement cette espéce de spectacle dans le gout qu'il est executé a Esterhaz. La Salle pour etre assortie a ce genre de nouvauté, est aussi du gout le plus rare et le plus exquis. Tout l'intérieur est garni, de droite et de gouche, de grottes en rocaille et en coquillages, dans le fond de chacune des quelles il y a des paysages a fresque trés bien apropriés, et dans d'autres des pettits jets d'eau, qui font un murmure agréable. Toute cette Rocaille est semée de poudre brillante, qui fait un effet admirable a la clarté de plusieurs lustres qui l'éclairent, Les Comédiens et les Musiciens du Prince ont exécuté un Opera allemand, intitulé Philemon et Baucis, également de la xomposition du M. Heyden, Maitre de chapelle, dont la belle musique lui a mérité les applaudissemens des connoisseurs. La piéce meme fait exprés pour le sujet, y étoit trés bien adoptée et a été rendue trés naturellement. Mais ce qui paroit plus digne encore d'admiration, c'est la beauté, la richesse et le fine des décorations. Les regles de la proportion et de la perspective y sont si bien observées, qu'elle ne laissent échapés aucunne des beautés de l'ensemble. A l'ouverture du rideau, elles représentérent l'Olympe et les Dieux qui y étoient assemblés et successivment une nuit, un orage, une foret, une campagne, un Temple, l'intérieur du Palais le mieux orné; et enfin vue de jardins et du Parc d'Esterhaz, mais dans le point de vue le plus riche et le plus naturel: tous ces changemens avec tant d'exactitude, de justesse, de précision, et de célérité, que la surprise, l'étonnement des spectateurs et leurs nouvaux applaudissemens marquoient seuls qu'on s'en étoit appercu. Une des circonstances de ce spectacle qu'il ne faut pas ométtre; est que lorsque la décoration réprésentoit un Temple; il parut dans la nuée un trophé de plusieurs rayons de gloire, sur les quels étoient soutenues par la Justice, la Prudence et la Douceur, les armes de la maison d'Autriche, couronnées par la Renomée. A cet aspect toutes les figures de Marionettes habillées a la hongroise se prostérnérent et chantérent en chorus les louanges de leurs Auguste Souverains. S.M.I. a doigné donner des applaudissemens a ce spectacle, elle a paru en etre extrémement satisfaite. Au sortie de la, S.M.I. a soupé publiquement dans le Salon d'enbas avec toute la Cour. Aprés souper, elle a été conduite a une des enceintes du Parc, ou se devoit tirer un feu d'artifice de la composition du M. Rabel, artificier du Prince. Une double rangée de lenternes conduisoit jusqu'a une tribune placée vis a vis le décoration principale. S.M.I. et toute la Cour placée dans cette tribune, S.A. Mr. le Prince eut l'honneur de lui présenter l'étoupille. S.M.I. mit le feu a un cordon, qui parvenu trés rapidement a l'artifice, eu fit partir un bouquet de trois cent fufiées, et de la se communiqua a une piéce de trés bon gout, illuminée en feu bleu de ciel, représentant les armes de Hongrie acolées de deux aigles éployées, et surmontées de ces trois lettres, V.M.T. Pendant qu'on admiroit cette piéce qui a duré asséz long tems, une quantité prodigieuse de fusées tirées de derriére l'artificiel, les unes garnies de serpentaux, les autres d'étoiles, venoient retomber en martinet de chaque coté de cette piéce; d'autres fussées tirées aussi de derriére l'artifice, mais d'une composition absolument nouvelle, et montantes prodigieusement haut, venoient retomber jusque sur elles memes en pluie d'or en trés grand volume, et se perdant derriére les branches d'arbre, a tra vers les quelles on les appercevoient encore, faisoient un effet et une nuance difficile a décrire. On mit ensuite le feu a plusieurs autres piéces avancés toutes d'une trés belle composition; une entre autres a étét remarquable par l'activité de son feu et les changemens considerable qu'elle a fournis. Enfis est venu l'illumination de toute le decoration, qui représentoit la facade d'un Palais orné de trois protique surmontée d'une tour dans le milieu et de plusieurs autres ornemens d'architecture: une gerbe de feu sous chacun des Portiques representoient une trés belle casquade. Pendant la durée de cette illumination, un feu de rempart de droit et de gauche trés bien servi, une quantité étonnante de bombes, de pots a feu, de bouquets de fusées, de mortiers soutérains, et dD'autres piéces a grande brouit de guerre ont terminé ce spectacle a l'applaudissement de S.M.S. et de tous les Spectateurs: emportant chacun le regret de n'avoir point eu le tems d'admirer chaque piéce en particulier, tant elles étoient dignes de l'etre, par leur exactitude et leurs précision. De la S.M.I. a été conduite a l'Illumination que S.A. Mr. le Prince avoit fait préparer dans une autre enceinte du Parc. La forme de cette enceinte est un ovale, mais d'une trés grand étendue, qui répresente trés bien celle d'une cirque, des portiques en treillage surmonté de leurs chapitaux et accompagnés de leurs entablemens ferment ceette enceinte, au milieu de la quelle est une tribune elevée en colonade orné de guirlandes de fleurs et destinée a voir dans son vrai point l'effet de l'illumination. Il feroit difficile de décrire le coup d'oeil éblouissant que'elle présente. Une double rangée de lampions suivoit l'ordre du dessein et de l'architecture avec la plus grande exactitude; tous les portiques étoient surmonté de morceaux de peinture représentans des Gloires, des Renommés et d'autres trophés relatifs, tous appercus an travers d'une grande quantité de lampions qui les environnoient; d'autres tableaux enluminés et peints d'aprés des sujets de Van Deik placés dans les encadremans et illuminés par dérriere offroient le spectacle d'un genre illumination inconnu jusqu'a présent; des guirlandes de fleurs agraphées an haut de la corniche, retronffées a mie-pente et soutenues en bas par des petits cupidos, éclairées par une double rangée de lampions, en feu verd, faisoient une nuance et une variété ravissante. Enfin qu'on se figure que dans une enceinte qui peut contenir plus de huit mille personnes, les lampions étaient tellement multipliés qu'ils n'étoient pas éloignés les uns des autres d'un demi pied, enforte que chaque losange de treillage, qui a tout au plus cette mesure en quarré en partoit un a chacun de ses angles, ce qui faisoit monter leur nombre a plus de vingt mille. S.M.I. et toute la Cour placée dans la Tribune, des jeunes Paysans, des jeunes Paysannes des Villages des environs, au nombre de plus de mille, conduits par leurs Drapeaux, et dansans au son de leurs intrumens, a la mode du pays, débusquerent en meme tems de dessous les voutes des Poetiques. Leurs cris de joie, leurs acclamations les avoient dévancés, ils les redoublerent en criant mille foisS: "Vive Marie Therese et toute la Famille Imperial", et chacun a la place que lui étoit destinée se mit a danser: ensorté qu'on pouvoit jouir a la fois du spectacle de la Fete la plus champétres, et de celui qu'offre tout ce que l'art a de plus recherché.

Voila sans doute de quoi satisfaire l'oeil du simple spectateur et du connoisseuer, mais quel tableau intéréssant ne présente pas cette affluance de fidel sujets, sur les quels regne par les bienfait la premiére Spuveraine du monde, s'empressans sur son passage et témoignans cette vive allegresse qu'enfante la reconoissance, et qui est l'ouvrage de ce sentiment délicieux qui n'ont jamais produit le respect on la crainte: un Prince le Premier Seigneur de son Royaume, un Prince dont une suite d'ancétres inviolablement attachés a l'Auguste Maison d'Autriche assure la fédélité, offrant a Sa Souveraine pendant les douceurs d'une paix tranquille le tribut des richesses, dont le rang, la naissance l'ont rendu heritier, et d'éployant toute sa magnificence pour rendre d'autant plus éclatant le bonheur de la posséder. De quel prix ne doit pas étre pour ce Seigneur cette marque publique de bien veillance aussi bien que les témoignages distingués de satisfaction et de reconnoissance, qu'il a recu en cette occasion, qu'il est flateur de voir ainsi agréer l'hommage de son amour et de son respect! mais aussi qu'heureux sont les Princes qui peuvent compter dans leur Empire autent de sujets empressés a faisoir toutes les occasions de donner des preuves d'attachement et de zéle, toujours préts a offrir l'hommage de leur fortune et celui de leur sang pour étendre la gloire d'un regne qui fait l'admiration de toute l'Europe.

S.M.I. aprés avoir comblé des officiers et toute la maison du Prince de presens, et de bienfaits, en est partie avec toute la Famille Impériale le lendemain a neuf heures et demie du matin; et S.A. Mr. le Prince les a accompagné jusqu'a Oedenbourg. Cette Ville, que depuis plusieurs siécles eu le bonheur de voir ses souverains, s'est éforcée de montrer sa joie et son allegresse en cette occasion. Plusieurs ares de triomphe ornoient les rues par les quelles S.M.I. devoit passer; des inscriptions, des emblemes manifestoient par tout la joie publique, et consacroient cette heureux époque. Le Magistrat eut l'honneur de la recevoir aux portes de la Ville, et de la complimenter, et apres lui avoir offert six corbeilles des plus beaux fruits da la saison, la conduisit jusqu'a l'Hotel du Prince, au travers les cris et les acclamations d'une foule innombrable qui bordoit la haye de droit et de gauche, sur son passage. Aprés y avoir diné, et donné a tous ces fidels Cytoiens des témoignages de bonté, elle en est partie a quatre heures et demie pour son chateau de Schönbrunn, ou accompagnée de S.A. Mr. le Prince elle est arrivée le meme jour.

Il foudroit pour terminer la relation de cette Fete, la plus brillante qu'on puisse voir, pour mettre celui que ne l'a pas vu en état de juger, et lui en donner une idée complette, entrer dans le mérite d'une quantité de gens du premier talent attachés au Prince par les bienfaits, executans sons ses yeux, et par ses ordres des chefs d'oveuvre de gout en tout genre; il faudroit ne pas omettre celui essentien d'un grand nombre d'officiers, dont l'intelligence et ces soins parent d'un nouveau lustre la magnificence et la libérelité du Maitre; il faudroit rendre sensible l'effet de tous ces refforts mis en oeuvre a propos pour en meme tems; mais dans quel détail on puisse entrer il sera toujours difficile de rend re les justes sentimens d'admiration de ceux qui en ont été les témoins en cette occasion et en plus d'une autre.